Lou elle vient de France, plus précisément de Strasbourg. Lou elle est journaliste principalement pour Marie-Claire mais journaliste quand même. Un statut d’indépendante même si ses factures étaient majoritairement payées grâce à des articles qui lui tiraient quelques larmes de sang.
Et c’est là qu’elle se dit que sa vie est partie de travers.

Sur son bureau, des tasses de café, beaucoup de tasses de café. C’était peut être pour cette raison que son coeur battait si vite. Sa mère lui aurait dit d’aller consulter, elle entendait déjà sa voix stridente au téléphone.
Mais pour le coup, elle préférait se dire que son rythme cardiaque chaotique était dû à ce blog qu’elle venait de découvrir.
C’était peut être des délires, les élucubration d’un adolescent en mal de reconnaissances. Mais dans le fond chaque rumeur à une partie de vérité n’est ce pas ? Lui aussi parlait de la “bénédiction”.
Eigenlich cette ville qui faisait déjà tant parler d’elle, était le nouvel Edlorado, ce fantasme collectif qui vous permettez de devenir riche et puissant. Pour Lou, c’était son moyen de ne pas devenir complètement folle, son petit bolle d’air frais entre deux articles sur comment rendre votre peau plus douce. C’était son enquête secrète, ce grand coup d’éclat qui la ferait connaître partout dans le monde et qui lui permettait de claquer la porte d’un journal féminin sur le déclin.

La jeune femme se laisse aller sur sa chaise, tourne un peu sur cette dernière et regardant son appartement défiler doucement sous ses yeux pâles.
Des jeux, des livres, encore des jeux, ses collections de figurines, des vêtements non rangés, ses consoles…. son tableau.
Dissimulé dans son placard comme dans cette série qu’elle avait regardé enfant. Quand l’ouvrait et qu’elle écartait les cintres il y avait ce mystérieux tableau en liège avec plein de petits articles, de pins et de punaises et même quelques morceau de laine rouge volés à sa mère dans sa panière à tricot.
C’était digne de ces détectives qui n’existent certainement pas.

En grande lettre majuscule rouges, elle avait imprimé le mot “Bénédiction” avec un très jolie point d’interrogation.
C’était pas net. Depuis des années elle le savait elle le sentait cette ville était anormale avec un grand A. Peut être était ce le moment de faire ce qu’aucun autre encore n’avait réussi à faire. Percer ses mystères, expliquer au monde quel sombre complot pouvait expliquer un taux de chomage si faible, des réussites économiques aussi importantes. Drogue ? Organisation mafieuse peut être. Ou plus grave ! Un gouvernement se servait peut être de la situation de cette ville déclarée “indépendante” pour se permettre quelques essais lucratifs mais certainement très illégaux.

Son coeur ne se calmait pas. Levant ses mains devant son visage, elle remarqua enfin le tremblement qui les agitaient nerveusement.
C’était probablement son grand moment. Ce saut dans le vide.

Quelques semaines plus tard Lou déménageait, partait s’installer à Eigenlich avec comme grand alibi de faire un grand reportage sur les produits de beauté, les produits pharmaceutiques produits par la ville…. elle ne se souvenait même plus de l’excuse bidon qu’elle avait fourni à son journal. Tout ce qui comptait c’était ce tableau de liège qui finiraient par arriver avec ses autres cartons.